• palal פָּלַל - prier
    ...ne prie pas...

     

     

     

     

    Ce que j’ai lu et contredit dans un article précédent (lien) à propos d’un document émanant du site de la Free, mais aussi sur celui de Fev (fédération évangélique vaudoise) et de la Res (réseau évangélique suisse), m’a amené à me resituer par rapport à ces institutions en me remémorant cette parole de יְהוה adressée à Jérémie.

    « Et toi, n’intercède pas pour ce peuple, n’élève pour eux ni cri ni prière » Jérémie 11.14

     


     

     

    Pourquoi est-il demandé à Jérémie ne plus prier ?
    « j’ai sommé vos pères, depuis le jour où je les fis monter du pays d’Égypte jusqu’à ce jour, je les ai sommés dès le matin, disant : écoutez ma voix ! Mais ils n’ont pas écouté ; ils n’ont pas prêté l’oreille. » Jérémie 11.7 et 8a

    « La maison d’Israël et la maison de Judah ont violé mon alliance, que j’ai traitée avec leurs pères. » Jérémie 11.10

    Mais en même temps, voici ce que יְהוה demande aussi à Jérémie:

    « Crie toutes ces paroles par les villes de Judah et par les rues de Jérusalem, en disant : écoutez les paroles de cette alliance, et observez-les. » v 6

    Situation qui peut paraître paradoxale pour Jérémie et pour nous.



    - D’un côté « crie », ou autre traduction possible « proclame », « publie ».  Cette proclamation est d’ailleurs le contenu essentiel du livre du prophète, à part quelques textes historiques.
    - D’un autre « ne prie pas ».



    Quel sens donner à cela ?


    - Premier constat: Judah, à qui Jérémie s’adresse,  fait partie de l’alliance passée avec le tout Israël (les autres tribus). Judah est en vertu des promesses faites à Abraham, une partie du peuple élu quand bien même il rejette globalement la parole d’Elohim.

    - Deuxième constat: on sait, bible en main, qu’il existe des situations d’endurcissement qui peuvent se résumer à ceci: les "croyants", ceux qui se réclament de la religion officielle, ne sont plus en mesure d’obéir à un appel à la repentance. Il est même parfois dit qu’Elohim, à un certain point de rupture, endurcit les cœurs.

    - Troisième constat: ce point de rupture pour Judah advint à la fin du règne de Manassé: « Toutefois יְהוה ne revint pas de l’ardeur de sa grande colère, qui s’était allumée contre Judah à cause de tout ce que Manassé avait fait pour l’irriter. » Ceci malgré la repentance ultime de Josias dont il est écrit: « Avant lui, il n’y avait pas eu de roi semblable à lui, qui se fût tourné vers יְהוה de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse ; et après lui, il ne s’en est point élevé de semblable à lui. »
    Les rois qui ont suivi - époque de Jérémie - qui persévèrent dans le mal ou l’indécision, ne leur laisse aucune chance quיְהוה accorde un délai supplémentaire. Depuis le roi Manassé le sort de Judah est scellé.

      

    Aussi, c'est dans ce contexte que viennent à Jérémie ces paroles « ne prie pas » mais cependant « crie » Ma Parole.

    Parler, annoncer: oui. Mais à quoi cela sert si on n’obtient apparemment pas de réponse positive ? Probablement pour trois raisons et un constat:



    1- confirmer ceux qui ne veulent pas entendre dans leur refus, en administrer une preuve quasi juridique. Confirmer dans les faits l’endurcissement. Ainsi la parole de vérité confrontée au refus sert à rendre indiscutable la vérité du jugement d’Elohim qui va venir.

    2- Encourager le reste fidèle, toujours modeste en nombre, ce qui est une constante dans l’histoire d’Elohim avec son peuple. Le message, même s’il est sombre et énonce des jugements, a pour valeur d’affirmer que יְהוה reste là, présent, fidèle à sa parole.

    3- Laisser encore une chance à ceux qui individuellement veulent bien écouter et se repentir. Il est vrai que le sort de Judah est scellé: il n’y aura pas de retour en arrière… Les institutions du temps de Jérémie, royales et sacerdotales, sont corrompues dans un point de non retour mais une personne ou une autre ne peut-elle pas vivre cette tristesse qui conduit à la repentance ? Certainement.

    4- Un dernier constat qui ressort de ce chapitre 11 de Jérémie: le prophète ne fait rien sans l’ordre express de יְהוה. Il ne prie pas parce Celui-ci le lui demande, mais il proclame par obéissance. C’est une leçon pour nous: si nous ne prions pas par caprice personnel, ou au contraire si nous prions alors que c'est trop tard et si nous ne crions pas, ce sont des désobéissances. Ne faisons rien que notre Père ne nous enseigne et nous demande.

     



    Situons-nous maintenant en regard de la période actuelle.

    Les institutions politiques méritent-elles encore nos prières ? Je sais qu’il est recommandé de prier pour les autorités politiques en place: mais n’existe-t-il pas un point où ces prières resteront sans effet et en contradiction avec la volonté du Père ? Existe-t-il des possibilités de sursaut vers plus de justice retardant l’inévitable ? Sans aucune illusion, rappelons que le texte de l’apocalypse mentionne qu’il va se trouver et se trouve certainement déjà un point de non retour pour notre époque.

    Prier pour les églises, évangéliques en particuliers ? Ce sont des institutions qui, comme toutes les autres, s’auto-entretiennent et qui dans cette inertie de la perpétuation à tout prix effectuent compromis après compromis avec l’esprit du siècle. Elles veulent plaire en même temps aux autorités et à leurs ouailles pour continuer à exister. Elles tiédissent de plus en plus pour finir par devenir froide, révoquée par Adonaï.

    Alors, faut-il prier pour cela ?

    A titre personnel, je pense qu’il n’existe pas d’espoir sauf exceptions peut-être, car dans l’histoire de l’humanité, les organisations instituées ne serait-ce qu’en association, comme le sont la plupart de ces églises, à moins de persécutions qui représentent des cas à part, ont toujours privilégié la survie de leur existence à la fidélité. C’est une constante absolue. Ou alors elles s’éteignent d’elle-même soit pour d’excellentes raisons (leur message de vérité n’est plus accepté par les fidèles), ou pour les pires (leur message devient apostat, sans sel, creux) et les bancs de l'église se vident, avec tous les entre-deux possibles.

    Par contre, pour les personnes prises individuellement cela vaut toujours la peine de proclamer l’évangile du royaume et de prier: « Père, épargnes-en quelques uns », à la manière d’Abraham pour Sodome et Gomorrhe parce que Lot son neveu et sa famille y demeuraient, ou de Moïse pour le peuple qu’il conduisait au nom d’Adonaï. Tant que nous demeurons dans l’ère de la grâce, je dirai même que c’est un devoir.

    Inviter chacun à participer au royaume et avertir dans la fidélité: toujours, toujours !

     

     

     

     

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